Plateau du Djado

Situé dans le nord-est du Niger, en plein cœur du Sahara, le Plateau du Djado est un petit massif montagneux culminant à environ 1 000 mètres d'altitude. Perdue dans l'immense désert du Ténéré qui l'entoure sur des centaines de kilomètres à la ronde, cette zone hyperaride est considérée comme la région la plus difficile d'accès et la plus isolée de tout le Sahara.

Pourtant, tel un mirage après des jours de piste, un îlot de végétation semble sortir des sables au milieu de nulle part. Cette minuscule palmeraie abrite les mystérieux vestiges d'une citadelle abandonnée datant du Xe siècle. Bâtie en pierre sèche et en argile typiques de la région, la vieille cité de Djado domine les alentours depuis un éperon rocheux.

Avec ses ruelles étroites et ses bâtiments en terre crue, la forteresse de Djado est la plus importante et la mieux préservée mais il existe d'autres cités sur le plateau : celle de Djaba et de Drigana mais également d'autres qui ne sont même pas cartographiées (Tamada, Debessa, Seggedim, ...).

Si l'on ignore aujourd'hui l'identité de ces illustres bâtisseurs (Sô, Berbères, Kanouris, ...), on sait que plusieurs civilisations se sont succédées au fil des siècles sur ce site stratégique situé à mi-chemin entre les tribus Toubous à l'est et les populations Touaregs à l'ouest. Le plateau du Djado a été pendant longtemps fréquenté par les caravanes de nomades qui transportaient et commerçaient des minerais et du sel entre Agadez et Bilma.

On estime que les populations nomades ont abandonné le site qui est tombé dans l'oubli, avant que celui-ci ne soit exploré pour la première fois en 1906 par une expédition française. Mais l'isolement du plateau du Djado est tel que la vieille cité n'a subi aucun pillage et aucune dégradation d'origine humaine. Plus incroyable encore, il n'y a jamais eu de véritables fouilles archéologiques à ce jour, si bien que les ruines sont restées intactes et que l’Unesco elle-même n’a eu connaissance de l’existence de ce unique il y a seulement quelques dizaines d'années.

Pourtant, les rares personnes qui ont eu la chance de s'y rendre, ont fait état d'un patrimoine archéologique exceptionnel et de la présence de nombreuses peintures rupestres représentant des scènes de chasse et des mammifères qui vivaient dans la région il y a des milliers d'années (éléphants, girafes, hippopotames, autruches, ...). Encore un exemple qui témoigne du génie créatif des anciennes populations qui peuplaient ces régions isolées du Sahara comme le Tassili n'Ajjer au sud de l'Algérie ou l'Adrar mauritanien.

Aujourd'hui, mis à part quelques Toubous qui viennent durant l'été pour récolter les dattes de la palmeraie, aucune population ne vit dans cette zone hyperaride où très peu de formes de vie peuvent subsister. Du côté du règne animal, mis à part quelques mouflons et gazelles, seuls les addax parviennent à survivre dans un tel environnement. Cette espèce d'antilope endémique du Sahara, dont le corps est composé à seulement à 20% d'eau, est un animal nocturne qui dort le jour dans des trous creusés dans le sable afin de se protéger de la chaleur et qui est capable de repérer des pluies à une distance de plusieurs centaines de kilomètres.